Le Marcheur Égaré

Être perdu dans cette chose, et croire qu'elle est le sommet et que tu es l'alpiniste. N'avoir d’yeux et de tête que pour elle. Rien de plus. Arrêter toute autre occupation autour de toi. Larguer tes révisions, tes devoirs, ton travail. Oublier que tu es fait justement pour autre chose, oublier la révélation d'un jour. Oublier et féconder l'illusion.
Ta faiblesse réside en cela, en l'extinction de tout contrôle. Épuisé tu es, fatigué des ces mensonges qui inventent des vies sans vie, des visages sans nom, des hommes qui ne seront jamais à toi. Ton râle a le goût de l'hiver canadien et le sable chaud du désert tunisien. Mais aujourd'hui tu dessines un sourire de refus, l'interruption de cette mémoire. Aujourd'hui tu aspires à la liberté.
Je suis fier de toi !

Barbara chante Pantin, ce soir je suis tombé amoureux de cette Dame. Amoureux je suis de ses mots qui me touchent l'âme, de sa voix qui trébuche sur les cordes de mon insomnie, de sa musique voilée de fatigue, de lenteur et de mystère.

Abraham Maslow écrit dans son livre " Être humain": Découvrir qui l’on est, ce que l’on est, ce que l’on aime ou n’aime pas, ce qui est bon pour soi et ce qui ne l’est pas, où l’on va et quelle est sa mission — ouvrir son moi à soi-même — signifie de faire appel à la psychopathologie : identifier ses défenses puis, ceci fait, trouver le courage de les abandonner.
Trouverai-je le courage d'abandonner la consolation qu'un jour je t'aimerai ? Qu'un jour je te trouverai vagabonder sur les routes de mon coeur oublié ? Qu'un jour tu viendras comme une phrase tant cherchée, après l'aube d'une nuit blanche ?

Et puis je me pose la question. Encore, je la pose. Les somnifères rendent mon corps léger et de même mon esprit. L'alcool ne m'apporte aucun secours, et la lassitude ne me facilite guère la tâche. Seulement, je me surprends en train de poser la question, qui suis-je ?
Il y a dans répondre à cette question une peur. Juste derrière  le silence de la panique, il y a cela. Il y a la peur. Je suis la peur de la peur de ne pas être ce que je veux.

Barbara chante maintenant, Femme Piano: ...J'ai pas vu passer ma vie... c'est la morsure du temps... la fin du printemps...mais j'aime la vie... d'un théâtre en théâtre j'allume mes nuits...

Anita Baker. J'ai décidé qu'il n’y aurait que sa voix pour ouvrir le bal de 2007.
Le vacarme du silence fut immédiatement rompu et l'écrasement de la solitude devint poésie bruyante. La voix chantait lorsque ma mémoire s'égara dans l'océan de l'imaginaire attendu.

Tu viendras un jour et tu auras le visage de l’amour. Sans prévenir, tu viendras. Inconscient, comme un majestueux hasard. Simple, comme une fine pluie. Fier, comme un marin qui revient à l’aube. Sauvage, comme une apparition. Innocent, comme Lazare.